Cérémonie du 12
novembre 2012 à Chambéry
Chambéry est pour l’OSE
un symbole, celui de la lutte pour le sauvetage des enfants, du dévouement des
membres du bureau de l’OSE qui malgré le danger ont continué à rester sur place
et le signal de l’entrée de l’organisation dans la clandestinité totale.
Accepter de poser une
plaque en souvenir de ces hommes et de ses femmes nous honore et nous oblige.
Cette plaque permet de garder vivante cette mémoire, et nous enseigne de ne pas
baisser les bras devant toutes les formes d’injustices.
Alain Mossé, ancien
chef de cabinet à la préfecture de Savoie est né à Paris le 15 juin 1920. Juif
français, il appartient à une famille parfaitement assimilée, « originaire
pour la lignée paternelle du Midi, pour la ligne maternelle d’Alsace-Lorraine,
fixée dans ces deux provinces depuis un temps immémorial. » Elle avait
fourni à la France de nombreux serviteurs. Son grand-père paternel fut préfet,
son père Armand Mossé inspecteur général des services administratifs et
Officier de la Légion d’honneur.
Lui-même succède à Jean Moulin auprès du préfet de la Savoie
du 12 février 1940 au 21 janvier 1941, il a à peine vingt ans. Quelques mois
plus tard, il est révoqué à la suite de l’instauration du premier statut des
Juifs et se met immédiatement au service de la communauté juive de Chambéry et
d’Aix-les-Bains, villes refuges dans la zone d’occupation italienne. Grâce à
ses excellentes relations avec la préfecture de Chambéry, et notamment auprès
du chef du bureau de la règlementation Monsieur Dumas, et son proche
collaborateur Monsieur Ailloud, il put fournir à la
Résistance bon nombre de documents permettant de soustraire des étrangers juifs et
non juifs, à la police de Vichy.
Chambery est également le siège de la direction de l’OSE en
février 1943 dont il devient le chef du bureau à la place de Joseph Millner,
puis il prend la direction régionale de l’UGIF. L’activité est intense avec
l’afflux des réfugiés, et la proximité de la frontière suisse.
Il a gardé des contacts utiles qui permettent aux assistantes sociales
comme Line Kaufmann de se procurer faux papiers, et fausses cartes
d’alimentation. Des centaines d’enfants sont placés dans des fermes près
d’Aix-les-Bains, ou en Haute-Savoie. Beaucoup arrivent au bureau de Chambéry
avant de passer en Suisse.
En septembre 1943, les Allemands occupent la zone italienne
et commencent à arrêter les familles juives. Il accepte de rester à son poste
de délégué de l’UGIF auprès des autorités d’occupation, alors que ses anciens
amis le pressent de se mettre à l’abri.
Il est arrêté avec tout le bureau de Chambéry le 8 février
1944. Interrogé par Aloïs Brunner, il parvient à faire passer deux messages
préconisant la fermeture de tous les bureaux et maisons d’enfants de l’OSE.
Un groupe de résistants autour de Charles Mandelbaum et avec
l’appui de François Desroches avait projeté de libérer le groupe pendant leur
transfert entre la villa Menager, siège de la Gestapo et la gare. La veille de
l’opération Alain Mossé fit parvenir une courte lettre demandant l’annulation
de l’opération. Pourquoi ? La jugea-t-il trop risquée, nous ne saurons
jamais.
Il est déporté, ainsi que tout le groupe, le 7 mars 1944 de
Drancy vers Auschwitz, par le convoi 69.
Katy Hazan
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