18 novembre, 2008

16 novembre, 2008

ÉLIE WIESEL a inauguré la maison d'enfants de l'O.S.E à Taverny qui porte son nom


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ÉLIE WIESEL a inauguré la maison d'enfants de l'O.S.E à Taverny qui porte son nom

Lorsque j'étais enfant, je l'ai rencontré à Taverny, dans cette maison d'enfants.
J'avais lu ses 3 premiers livres
Je n'ai pas osé le lui dire

Près de chez moi Val d'Oise (95)

TAVERNY

Elie Wiesel a retrouvé sa « maison du bonheur »

Le Prix Nobel de la paix 1986, rescapé des camps de concentration, est revenu hier au château de Vaucelles, où il a séjourné après la guerre.

Arnaud Baur | 14.11.2008, 07h00

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UN MOMENT chargé d’émotion et rempli d’histoire. Elie Wiesel, rescapé de la Shoah, Prix Nobel de la paix en 1986, a dévoilé hier après-midi deux plaques apposées sur la maison d’enfants de l’OSE (Œuvre de secours aux enfants), au château de Vaucelles, à Taverny. Cette maison, qui l’a lui-même accueilli au sortir de la guerre, porte désormais son nom.


« C’est un symbole fort pour les enfants, commente Richard Josefsberg, le directeur
de la maison de Taverny. Cela leur rappellera toujours que, malgré les difficultés qu’ils rencontrent, rien ne peut les empêcher de continuer à vivre et à réussir. »

Elie Wiesel a été déporté à Auschwitz à l’âge de 15 ans, puis dans le camp de Buchenwald. Il y perdra notamment ses parents et sa sœur. A la Libération, à l’âge de 17 ans, il a été recueilli en France par l’OSE à Taverny, avant d’étudier à la Sorbonne, de devenir écrivain et, surtout, un défenseur inconditionnel de la liberté et de
la paix.

« C
’était la maison du bonheur, décrit-il aux enfants et éducateurs qui ont pu échanger avec lui avant la cérémonie, hier. On a proposé mon nom pour de nombreux édifices. A chaque fois, j’ai refusé. Mais ici, j’ai accepté. C’est une dette de reconnaissance à la France et à l’OSE. Quand j’écris, je pense et je parle encore de Taverny, là où j’ai commencé à apprendre votre langue. »

La maison d’enfants porte désormais le nom de l’écrivain


Tout était fait à l’époque pour que les enfants soient accueillis le mieux possible. Des consignes avaient été données afin que rien ne leur soit refusé. Anecdote pleine de force, le portail avait été enlevé, « pour qu’ils aient la sensation de totale liberté », a raconté dans son émouvant discours un des anciens camarades de l’écrivain.

Devant un parterre d’élus, d’anciens compagnons, de représentants religieux, d’enfants et d’anciens de l’OSE, Elie Wiesel, 80 ans, accompagné de sa femme, a ensuite prononcé un discours et rendu hommage à ce lieu et à ses éducateurs.

Une soirée de gala, en présence de nombreuses personnalités, a ensuite été donnée au pavillon Gabriel, en son honneur. L’occasion, également, de recueillir des fonds pour l’OSE et la création d’un centre médico-social dédié à l’enfance et à l’adolescence. « Faire en sorte que les enfants qui ont besoin d’une maison comme celle-là puissent l’avoir. »

Le Parisien

13 novembre, 2008

Soirée spéciale à l'Apollo sur le camp de Douadic

Soirée spéciale à l'Apollo sur le camp de Douadic
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DR
La projection du film sera assortie d’une conférence.




Nombre d'Indriens ont eu la chance de le croiser déjà, après la sortie du film qu'il a réalisé avec Jacques Merlaud : « La Nasse ». Philippe Barlet, sera l'invité de l'Apollo, vendredi, à partir de 20 h pour présenter ce document.
« Film important dans l'histoire de l'Indre […] il était donc évident qu'il avait sa place à l'Apollo. Nous le diffusons dans le cadre du Mois du film documentaire », confie Agnès Rabaté, du ciné castelroussin.
L'histoire est tristement célèbre dans le département : de 1942 à 1944, de nombreux juifs échouent dans le camp de Douadic dans l'Indre. Malgré les dévouements qui se manifestent alors à leur égard, Douadic marque souvent, pour ces fugitifs de l'Histoire, la première étape d'un long et inexorable voyage vers les camps d'extermination nazis. « Douadic a été une véritable nasse pour les juifs dont un grand nombre étaient venu se réfugier dans l'Indre pour échapper à la déportation… »
« Un ensemble de sources iconographiques exceptionnelles – notamment le seul film à ce jour connu, tourné dans un camp français ayant servi à la mise en œuvre de la “ solution finale ” – sont à l'origine de la réalisation de ce film documentaire », ajoute Agnès Rabaté.
La séance sera présentée par Philippe Barlet, en présence de témoins, suivie de « L'histoire des camps et de la déportation dans la Région Centre en 1940-1945 », conférence animée par Philippe Barlet et Jean-Louis Laubry.

Vendredi 14 novembre, à 20 h, au cinéma Apollo de Châteauroux, « La Nasse, Histoire du camp de Douadic 1942-1945 », film documentaire français (2007). Durée : 1 h 30. Tarif unique : 2 €.

10 novembre, 2008

Philippe Orfali : Il y a 70 ans, la Nuit de cristal |

Il y a 70 ans, la Nuit de cristal


Il y a 70 ans, la Nuit de cristal

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M. Glaser montre l'une des dernières photos qu'il a de sa famille (il est debout, à gauche). Elle date de 1938. Toute sa famille, sauf lui, a trouvé la mort dans les camps de concentration nazis.

Photo: Robert Skinner, La Presse

Philippe Orfali
La Presse

Neuf novembre 1938. Willie Glaser, 17 ans, descend du train qui l'amène de Munich à la résidence de ses parents, à Fürth. Ce qu'il voit autour de lui le laisse sans mots. «Je savais exactement ce qui se passait. Malgré la fumée qui nous entourait, je pouvais voir que tous les lieux juifs de ma ville se faisaient incendier.»

Il y a 70 ans aujourd'hui, l'Allemagne se réveillait en cendres, au lendemain de l'une des plus sinistres nuits de son histoire. Un préambule à ce qui s'en venait pour la population juive d'Europe : quelque 300 synagogues furent saccagées, 7500 commerces juifs pillés et brûlés. Une centaine de Juifs furent assassinés et 30 000 hommes furent arrêtés cette nuit-là. La Kristallnacht - Nuit de cristal, nommée ainsi en référence au bruit des vitrines, des fenêtres et des vitraux cassés - fut l'un des points culminants des violences antisémites qui gagnèrent l'Allemagne après l'arrivée au pouvoir des nazis, en janvier 1933.Présenté par les nazis comme une réplique de la population à l'assassinat d'un diplomate du Reich à Paris par un jeune Juif, ces violences ont été orchestrées par le gouvernement nazi et commises par des groupes de soldats, de membres de la Jeunesse hitlérienne et de la Gestapo, notamment.

À Fürth, le maire avait ordonné aux pompiers de ne pas intervenir ce soir-là. «Dans notre quartier, on pouvait voir les ruines de quatre synagogues, des flammes léchant ce qu'il restait de ces lieux saints», relate M. Glaser, aujourd'hui âgé de 87 ans. Quelques personnes dans la foule riaient alors que ces synagogues centenaires s'envolaient en fumée. «Mais la majorité restait là, immobile et silencieuse. Moi, je me disais : «Mon Dieu, que se passe-t-il ?» Je sais maintenant que les gens avaient peur.»

De la «barbarie injustifiée»

«Ce n'était pas que le saccage de synagogues et d'entreprises juives. Il s'agissait d'actes de barbarie injustifiée», dit-il.

Avec le ton posé d'un homme qui a raconté son histoire maintes et maintes fois, Willie Glaser explique comment, avant la fin de la guerre, toute sa famille avait été décimée sauf lui. «Le 22 mars 1942, ma mère, mes deux soeurs et mon frère furent déportés en Pologne. Ils périrent à Belzec. Mon père, lui, fut déporté du camp de Drancy, près de Paris, vers Auschwitz. Il fut gazé dès son arrivée au camp, le 7 décembre 1943.»

M. Glaser a eu plus de chance. Son père, alors en France, avait réussi à lui obtenir un visa vers la Grande-Bretagne.

«Kristallnacht, c'était la genèse de tout ça. Le début de l'enfer qu'allaient subir les Juifs d'Europe pour les années à venir, le début de l'Holocauste, qui fit 6 millions de morts», souffle M. Glaser.

«Ce soir-là, nous ignorions complètement ce qui s'en venait pour nous. Évidemment, nous nous attendions à d'autres violences, car nous savions qu'Hitler détestait les Juifs, mais personne n'aurait pu prévoir les événements effroyables qui nous attendaient.»

Ce soir, à la commémoration de la Kristallnacht, au Centre commémoratif de l'Holocauste à Montréal, Willie Glaser prononcera le Kaddish, une prière souvent prononcée dans les cérémonies de deuil. «Nous sommes de moins en moins nombreux à avoir vécu ces horreurs, dit-il. Et plus nous vieillissons, plus il importe de parler de ces événements horribles.»

«Je le fais pour toute ma famille qui a péri dans l'Holocauste et pour tous ceux qui ont sacrifié leur vie lors de la Nuit de cristal.»


09 novembre, 2008

Pour eux, c’est toujours Treblinka


L’ouvrage de Charles Patterson Eternal Treblinka (2002) est enfin paru en français (Un Éternel Treblinka, Calmann-Lévy, 2008). L’historien américain traite d'une question extrêmement polémique : le rapport qu’entretient l'être humain avec les autres espèces vivantes, conscientes et sensibles. Comme l’a écrit Milan Kundera, c'est là la question morale fondamentale, si fondamentale que tout le reste en découle.
Un Éternel Treblinka est un hommage à Isaac Bashevis Singer (le titre est tiré d’une de ses nouvelles).

Pour ces créatures, tous les humains sont des nazis ; pour les animaux, c'est un éternel Treblinka. Isaac Bashevis Singer (The Letter Writer)

Le rapprochement entre notre façon de traiter les animaux et la Shoah – un tabou que l’écrivain de langue yiddish et prix Nobel de littérature lui-même a été le premier à briser – n’a pas fini de faire hurler un certain nombre d’esprits rigides qui tiennent absolument à maintenir, au mépris des évidences scientifiques les plus criantes, une frontière bien nette entre l’espèce « des Seigneurs » (la leur) et l’ensemble des autres espèces animales, toujours considérées comme inférieures.
Auschwitz commence lorsque quelqu'un regarde un abattoir et se dit : ce ne sont que des animaux. Theodor Adorno

"À Auschwitz, nous étions comme des animaux", déclarait Simone Veil dans les années soixante-dix. En vertu de quelle logique cette comparaison entre les déportés et les animaux vaudrait-elle uniquement lorsqu’elle est formulée de gauche à droite ? Autrement dit, comment peut-on trouver naturel de comparer les camps de concentration aux abattoirs ou aux élevages en batterie, et scandaleux de comparer les derniers aux premiers ?

Patterson nous montre que la Shoah est historiquement et techniquement liée à l'industrialisation des élevages. Nous découvrons par exemple qu’Henry Ford, responsable d’une propagande antisémite sans précédent, avait conçu l’idée du travail à la chaîne après avoir visité un abattoir ; que les massacres de Katyn ont eu lieu pour partie dans des abattoirs ; et qu'Hitler avait confié la responsabilité de la "Solution finale" à un éleveur de poulets.
Au passage, l’auteur tord le cou une fois pour toutes à certains mythes encore entretenus de nos jours par une certaine presse, notamment les prétendues lois nazies en faveur des animaux et le prétendu végétarisme d’Hitler.
Ce que les nazis ont fait aux Juifs, l'Homme le fait à l'animal. Isaac B. Singer (Ennemies)

Il serait temps que nous comprenions que, lorsque nous pratiquons une discrimination morale entre notre espèce et les autres, la logique qui est à l’œuvre est très précisément celle qui a si souvent conduit les hommes à pratiquer une discrimination entre leur propre groupe d'appartenance et d'autres groupes ethniques, avec les conséquences que l’on sait. Certes, une telle remise en question de notre conception anthropocentrique du monde n’est pas une petite affaire, car elle va à contre-courant de toute l'Histoire humaine (comme le montre l'auteur, l'asservissement des animaux a servi de modèle à l'asservissement d'autrui). Elle n'en est pas moins indispensable. Rappelons encore cette parole de Tolstoï : « Tant qu’il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille. »
Clair, sérieux, bien documenté, original et sans équivalent, ce remarquable essai de Charles Patterson ne saurait être ignoré de quiconque se refuse à penser le monde avec des œillères.